SOLO
En ces temps où le sens est absent et la mémoire collective plus que défaillante, il est bon de pouvoir compter sur de solides gardiens du temple. Solo est de ceux-là.
Depuis son point de départ situé à New-York en 1973, la culture Hip-Hop s’est développée pour devenir omniprésente et toute puissante entre 1985 et 2000. Depuis, elle a un peu perdu de son intérêt et de sa force. Pour le grand-public, pas pour ceux dont l’ADN est hip-hop. Solo, rapper, DJ, beatmaker, acteur et champion de jiu-jitsu (champion d'Europe, vice champion du monde) est de cette catégorie.
Solo, précurseur du genre dans l’hexagone, seul français à figurer sur une pochette de disque du label "Tommy Boy", membre du groupe "Assassin" (premier à signer avec une major avec NTM), instigateur des soirées mémorables avec son acolyte "Uncle O". Solo, parmi les meilleurs danseurs hip-hop de son temps, figure emblématique des P.C.B. (Paris City Breakers) habitué des émissions H.I.P.H.O.P. de Sydney, Solo acteur pour Kassovitz dans "Babylon A.D." (entre autres), Solo est de retour en studio pour l’enregistrement de nouveaux raps. Un évènement.
Celui qui n’a jamais vendu son âme, restant coûte que coûte fidèle à ses convictions, reprend le chemin des studios parce qu’il a des choses à dire. Pas le genre à enregistrer pour faire de l’argent, pas vraiment. Il semblerait que l’artiste ait trouvé l’époque propice à la livraison de nouveaux textes. Car, quoi qu’on en dise, le rap dans son essence est une question de textes. Grandmaster Melle Mel, Kurtis Blow, KRS 1 & BDP, Public Enemy, Common, Q-tip, Eminem, Kendrick Lamar, Rakim, NAS n’ont jamais parlé de la pluie et du beau temps. Ecoute "The Message", "8 Million Stories", "Fight The Power", "Book Of Life", "The Blacker The Berry" ou "It Ain't Hard To Tell" et tu comprendras peut être. Comme le disait Chuck D., "le rap est le C.N.N. du ghetto". Solo le sait bien, il est là depuis le début, 40 ans de hip-hop dans les veines. Ce nouveau titre intitulé "Sangsues" en est le reflet.
Le rap se respecte. Sans rien à dire de valable, il vaut mieux se taire. Nombreux sont ceux qui devraient la fermer. Un retour après 23 ans d’absence, il est préférable de ne pas rater son affaire. Ici, la forme est au niveau du fond. L’instru a ce côté jazzy et funky que solo semble apprécier lorsqu’il écoute "Enough" des A Tribe Called Quest. La qualité de la prod est excellente. Comment pourrait-il en être autrement avec Philippe Weiss au mix et le normand "Dawan" en beatmaker ? Pour l’image, JB Mondino s’en est chargé…
Solo nous offre ce que tout rapper devrait prendre le temps de faire : se respecter, prendre le temps de la réflexion pour une écriture juste, montrer du respect aux précurseurs, penser valeur artistique avant valeur du compte en banque…Vivement la suite !