Rodolphe LAURETTA en "KREOLIA"
Ce saxophoniste amiénois, originaire de Guyane et des Antilles, force le respect depuis "Raw", premier album de 2017.

À l’évidence, Rodolphe Lauretta est de cette génération qui a grandi avec "Jazzmatazz", "Gangstarr" et ce jazz plein de "groove" à la frontière entre hip-hop, funk et world. Il avait déjà ce son très urbain sur "Raw". Avec "Kreolia", il va encore plus loin.
L’album contient un hommage à Roy Hargrove, il est normal que la musique soit multicolore. Pour beaucoup, Roy Hargrove, c’est avant tout le "Hard Groove" du "RH Factor" en 2003. Cette perle, réunion de plusieurs générations de musiciens, véritable kaleïdoscope de "groove" où D’Angelo, Badu, Common et d’autres s’étaient donné rendez-vous. Dans la lignée d’un "Red Hot & Cool" neuf ans plus tôt.
Pour se montrer digne de cet hommage, Rodolphe Lauretta se devait d’être bien entouré. C’est le cas. Avec lui, M.E.D., rapper californien bien connu pour ses collaborations avec Madlib. Présent également, "Dwight Trible", chanteur jazz, acolyte de Pharoah Sanders, Kamasi Washington, Patrice Rushen ou Charles Lloyd, entre autres. Deux chanteuses : Ruppert Pupkin et Genevieve Artadi.
Ce qui impressionne d’emblée sur "Kreolia", ce sont les rythmiques et la qualité du batteur. Solides, puissantes, lourdes, du premier au onzième titre. L’énergie funk actuelle est omniprésente. Ce funk, souvent labelisé de "futur funk", façon Paak, Dam Funk ou Keytranada. Et que dire des cuivres ! Moog et orgue hammond, quant à eux, apportent une couleur nostalgique dans un ensemble très festif.
Cet album de Rodolphe Lauretta confirme la vitalité d’un certain jazz francophone. Dans la lignée des sentiers tracés ces vingt dernières années par Electro Deluxe, No Jazz, Wise, Volunteered Slaves et d’autres…Il fait honneur au Roland Brival, Alain Jean-Marie, Mario Canonge et à cette génération de musiciens créoles dont le travail acharné lui permet de briller à son tour aujourd’hui. On dit "bravo" et on écoute avec délectation.
Rendez-vous le 15 octobre. Rodolph Lauretta "Kreolia" (2021, Cristal Records)***