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JAM & LEWIS 2020

20 nov. 2020

Il fut un temps où nous avions l’impression que Jimmy Jam & Terry Lewis ou LA & Babyface étaient sur chaque single R&B entendu à la radio. Un temps où leurs productions étaient identifiables dès les premières notes. C’était entre le début des années 1980 et le milieu des années 1990, soit 15 années d’intense création.

Ces deux équipes de productions (écriture, composition, production), l’une à Minneapolis, l’autre à Los Angeles, se partageaient le marché de la musique "black". Elles étaient parfaitement dans l’air du temps. Leur concurrence était stimulante et a servi les carrières de nombreux artistes à la réussite planétaire. Citons Janet Jackson, Whitney Houston, Boyz II Men, Toni Braxton ou Michael Jackson.

Plusieurs générations ont grandi avec leur musique mais nous n’avions jamais eu le plaisir de les entendre ensemble. Pour la première fois, c’est une réalité. Certes, Kenneth "Babyface" Edmonds avait déjà rejoint "The Time" (groupe de Jam & Lewis) sur scène mais jamais ils n’avaient enregistré un titre ensemble. Bien sûr, il y avait eu des collaborations d’albums et des co-productions (Johnny Gill) mais rien sous leurs noms jusqu’à aujourd’hui.

Jimmy et Terry n’avait enregistré qu’un seul et unique titre sous leur nom. C’était en 1992 sur la B.O. du film "Mo’ Money" ("The New Style"). Quant à Babyface, les amateurs du genre connaissent ses neuf albums studio. Ils préparent un album et ils ont recruté Babyface dans leur équipe pour le single "He Don’t Know Nothin’ Bout It".

Comment sonne ce titre ? Sur le modèle de la rencontre entre le duo de Minneapolis et Lionel Richie (1996 "Louder Than Words"), le résultat est fade et sans grand intérêt. Personne n y gagne, même pas leurs publics respectifs. Certes ! le titre est bon, comment pourrait-il en être autrement ? Mais aucune identité ne ressort nettement de cette chanson. Un peu du "Tender Love" de Babyface, un peu des albums de "4.0" et "Solo", bon, et ? Et Kenny chante comme il sait la faire, avec sa fragilité et son romantisme habituel. Et ? Et la mélodie de Jam & Lewis est belle, comme d’habitude, avec une ligne de piano qu’ils affectionnent depuis longtemps. Et ? et ça fait flop, dommage.

Bien sûr, leurs publics leur pardonneront et ils oublieront rapidement. Cet écart, pas mauvais mais inutile, ne peut sous aucun prétexte éclipser leur passé plus que brillant. Un "Roller Coaster" suivi d’un "No One’s Gonna Love you" et tout va bien. Espérons que le reste de l’album soit…différent.

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